Madrid (awp/afp) - Telefonica a vu son bénéfice progresser fortement au premier trimestre grâce à des effets exceptionnels et à de bons résultats commerciaux, notamment en Espagne, où l'opérateur doit affronter une concurrence accrue après la fusion d'Orange et MasMovil.

Le géant espagnol des télécommunications a engrangé 532 millions d'euros de profits nets entre janvier et mars, soit 79% de plus qu'au premier trimestre 2023, selon les chiffres publiés jeudi par l'entreprise.

La forte progression de sa rentabilité s'explique par le ralentissement de l'inflation, qui avait fortement affecté ses résultats voilà un an, mais aussi par la revalorisation comptable de sa filiale britannique Virgin Media O2.

Le groupe, qui a engrangé 10,14 milliards d'euros de chiffre d'affaires au premier trimestre contre 10,04 milliards voilà un an, met également en avant ses bons résultats opérationnels, notamment sur son marché domestique.

"Nous avons commencé l'année en démontrant un solide renforcement de nos activités", s'est félicité le président de Telefonica, José María Álvarez-Pallete, assurant, dans le communiqué du groupe, que ces résultats étaient conformes aux objectifs 2024.

Le bénéfice du premier trimestre est légèrement inférieur toutefois aux prévisions des analystes interrogés par Factset, qui tablaient sur 541 millions d'euros de profits. Le chiffre d'affaires est lui conforme aux attentes (10,12 milliards).

A la Bourse de Madrid, le titre Telefonica perdait ainsi 0,17% à 09H10 GMT, dans un marché lui aussi orienté à la baisse (-1,19%).

Montée de l'Etat au capital

Ces résultats interviennent dans un contexte de concurrence accrue sur le marché espagnol, où Orange et MasMovil ont engagé une fusion de leurs activités après avoir obtenu mi-février le feu vert de Bruxelles.

Cette fusion est susceptible de rogner les revenus de Telefonica, Orange et MasMovil ayant cédé - à la demande de Bruxelles - certaines fréquences à Digi, un opérateur roumain désormais en mesure de construire son propre réseau mobile.

Digi opérait jusqu'à présent de façon virtuelle en Espagne, en louant le réseau de Telefonica. Il a désormais la possibilité d'utiliser d'autres réseaux que celui du groupe espagnol, via des accords d'itinérance, pour compléter le sien.

Les chiffres du premier trimestre surviennent alors que Telefonica se trouve par ailleurs au coeur de vifs enjeux depuis l'entrée surprise à son capital du groupe saoudien STC, qui a acquis en septembre 9,9% de l'opérateur (4,9% en actions et 5% en produits dérivés).

Cette entrée inattendue a poussé l'Etat espagnol à revenir au capital du groupe de télécoms, considéré comme "stratégique" par l'exécutif en raison notamment des services de télécommunication qu'il fournit à l'armée espagnole.

La Société publique des participations industrielles (Sepi), qui était sortie de Telefonica en 1997, a ainsi acquis au cours des dernières semaines plus de 7% du capital du géant espagnol.

Son objectif est d'atteindre à terme 10%, soit un niveau supérieur à celui de STC, groupe détenu majoritairement par le fonds souverain saoudien PIF, et actuellement numéro un des télécoms en Arabie saoudite.

afp/rp